Libération d’Ingrid Betancourt : In Memoriam Aïda Duvaltier

Publié le par L'informateur

Alors que depuis maintenant six ans l’opinion publique est gavée jusqu’à la nausée de l’affaire Betancourt, le cas d’Aïda Duvaltier (aucun lien avec le dictateur haïtien Duvalier) a été totalement ignoré par le système politico-médiatique français. Cette Franco-Colombienne, enlevée en juin 2001 en Colombie, a été assassinée dix mois plus tard par la guérilla communiste.

La raison de cette différence de traitement est simple : d’un côté Ingrid Betancourt, issue d’une richissime famille d’industriels et de financiers, père ministre de l’Education et ambassadeur de Colombie à l’UNESCO puis en France, mari diplomate français, etc., de l’autre Aïda Duvaltier, épouse d’un modeste dessinateur industriel originaire d’Epernay devenu fermier dans l’ouest de la Colombie.

Pour la grosse presse, le compte est vite fait : alors qu’un tapage indécent s’est rapidement mis en place pour sauver la grande bourgeoise, la famille d’Aïda s’est heurtée à un véritable mur du silence : « Nous avons tout essayé, de contacter les médias, les autorités, de distribuer des tracts avec la photo de maman, d’ouvrir une ligne gratuite pour avoir de ses nouvelles, d’implorer l’aide de différentes communautés, mais en vain. Ce fut un calvaire ». Aïda Duvaltier est morte dans la plus totale indifférence. En cette période de liesse pour la jet-set planétaire, Novopress France a tenu à rendre hommage à cette femme du peuple, en rappelant son martyre et celui de sa famille. On lira ci-dessous la dépêche AFP datée du dimanche 12 février 2006 qui signale la découverte du corps de la malheureuse.

BOGOTA (AFP) 12/02/2006 - Les restes de la Franco-Colombienne Aïda Duvaltier, enlevée en 2001 en Colombie, ont été découverts dimanche dans l’ouest du pays, marquant la fin de la destinée tragique d’une femme exemplaire qui s’est livrée à ses ravisseurs pour sauver son mari français.

La découverte près de la municipalité de Quinchia (430 km à l’ouest de Bogota) de corps en décomposition d’Aïda Duvaltier a été possible grâce aux confessions à la police d’un guérillero déserteur de l’Armée populaire de libération (EPL), un groupuscule maoïste d’environ 400 rebelles.

L’ex-guérillero, dont les indications sont jugées « crédibles » par la famille Duvaltier qui n’a pas encore identifié le corps, a indiqué aux autorités qu’Aïda Duvaltier est morte dix mois après son enlèvement.

Toutefois, la police affirme ignorer dans l’immédiat les circonstances du décès de l’otage et indique qu’une autopsie est en cours.

L’enlèvement avait eu lieu en juin 2001 alors que la victime se trouvait avec son mari Jean-Luis Duvaltier dans leur ferme à Arma, un village de cette région de plantation de café dans l’ouest du pays.

« Lorsque les trois hommes en armes ont fait irruption dans notre ferme en juin 2001 pour enlever mon père, maman s’est interposée en criant : “prenez-moi à sa place, mon mari est malade”. Et c’est ainsi qu’elle est partie de son plein gré avec les ravisseurs », raconte leur fille, l’avocate Maria Elena Duvaltier, 43 ans. « A cette époque, maman connaissait aussi de sérieux problèmes de santé », ajoute-t-elle.

Lors d’une récente conversation avec l’AFP, Jean-Luis Duvaltier, un dessinateur industriel originaire d’Epernay (nord-ouest de la France) de 73 ans, a confié que toute la famille vivait « depuis plus de 4 ans rongée par l’affreuse culpabilité de ne pas avoir fait tout ce qui est en son pouvoir ».

Pourtant cette modeste famille franco-colombienne a tenté l’impossible : ses membres se sont ruinés trois mois après l’enlèvement pour payer une rançon aux ravisseurs, ils ont inlassablement suivi toutes les pistes, loué des avions pour lancer des tracts, organisé à leurs frais des campagnes pour obtenir la moindre information, mais sans résultat.

L’opinion publique française a pendant des années ignoré, contrairement au cas d’Ingrid Betancourt otage depuis près de 4 ans des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC - guérilla marxiste), qu’il existait une seconde otage franco-colombienne.

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